mardi 11 novembre 2008

Etat de choc ?



« Ouf. » c’est la première pensée qui effleura M. lorsqu’elle trouva V. pendu à la poignée de la fenêtre. Elle retira ses écouteurs de ses oreilles, sortit son portable, appela les pompiers, mais elle savait que c’était fini. Ensuite elle appela la grand-mère de V. pour la prévenir. En attendant l’ambulance, elle chercha ses clés parce que c’était pour ça qu’elle était revenue après tout. Elle les trouva sans s’étonner sur le sol de la salle de bain jonché de serviettes sales, mégots de cigarettes et bouteilles de vin à moitié vides. Il faudrait faire un peu de ménage songea-t-elle. Elle se demanda s’il y avait une enquête en cas de suicide évident. Dans le doute elle laissa le tout traîner par terre. Puis elle revint au salon, remit ses écouteurs sur ses oreilles, Radiohead, et essaya de défaire le nœud du cordon qui enserrait le cou de V. comme lui avait dit le pompier au téléphone. Elle savait qu’il aurait fallu essayer de trouver son pouls, mais il était tout bleu avec la langue sortie, et il baignait dans une flaque dégueulasse. Ça la dégoutait. Le nœud était trop serré alors elle attrapa une paire de ciseaux et scia tant bien que mal la ceinture du peignoir qui avait servi de corde. « Beurk » pensa-t-elle quand le corps s’affala sur le parquet.
Elle s’assit un peu plus loin pour lire le mot qu’il lui avait laissé sur la table et se demanda vaguement de combien on pouvait écoper pour non assistance à personne en danger. Ensuite les pompiers arrivèrent.
Après ça tout est blanc. On l’a emmenée, on lui a parlé, posé des tas de questions, auxquelles elle a répondu de façon décente et elle a dit que pour l’instant ça allait, à la dame qui lui proposait une aide psychologique à l’hôpital.
De retour chez elle, elle se demanda si elle était en état de choc mais conclut que si elle se posait la question, c’est qu’elle ne l’était pas. Elle fouilla ses affaires pour trouver les quelques photos qu’elle avait de V., et le dessin marrant qu’il lui avait fait avec le chat dessus, et elle brûla le tout avec le mot qu’il lui avait laissé.
Quand tout fut parti en cendres elle s'assit dans l'herbe et alluma son baladeur.
"enfin." pensa-t-elle.