jeudi 19 juin 2008

L'air de rien

Quand vient la nuit, je m'engouffre dans les artères de la ville. Je longe les murs, espérant surprendre le sommeil au détour d'un boulevard. Mon itinéraire est toujours le même, celui des petites rues solitaires où j'espère être tranquille. Bercé par le bruit cadencé de mes pas, je laisse mon esprit vagabonder. Ces soirs-là sont dangereux. Les idées qui m'assaillent peuvent briser toutes mes certitudes. Ces soirs-là, je marche à flanc d'abîme.

J'erre d'un quartier à l'autre avec au fond de la gorge, quelques échecs durs à avaler et le goût rance de l'ennui. Je m'enfuis, tout en repensant à ces mots : "il n'y a pas d'ailleurs où guérir d'ici". Je le sais. Les pensées sombres qui ont surgi dans ma chambre résonnent aussi dans les avenues que je traverse. Cela ne m'empêche pas de continuer à marcher. J'attends que la fatigue chasse les pensées sombres.

Lorsque je finis enfin par rebrousser chemin, je n'ai plus envie, je ne suis plus en vie. Enfin vide, il ne me reste plus qu'à rentrer chez moi. Dans l'obscurité, je m'éteins lentement.

Au creux des draps, j'entends encore les sons de la ville. Déjà, le chant des oiseaux. Déjà, la rumeur lointaine. Et bientôt, l'aurore.

Aucun commentaire: