lundi 14 janvier 2008

Un Roi sans divertissement

Ma mère a rapporté à la maison une minuscule galette des rois. Elle m’a dit qu’il leur restait que ça, au Monoprix. Et elle n’a pas compris pourquoi la vision d’une mini-galette m’a stupéfait et quelque peu terrifié. Alors j’ai dû lui expliquer.

« Cette galette des rois, tu vois, c’est une galette individuelle. Tu te rends compte... comme c’est triste. Alors quelque part, cette galette des rois met le doigt sur un problème grave. Indirectement. Le problème de la solitude dans notre société. Mais en fait elle le désigne pas comme un problème, tu vois. En fait, elle l’assimile comme quelque chose d’établi et l’inclut dans une putain de stratégie marketing. La solitude est marketée... Ca me dégoute. »

Ma mère m’a fait un signe de la tête. J’ai décidé qu’il signifiait « tu as tout à fait raison » et non « tu m’emmerdes, c’est qu’une galette».

« Attends deux secondes, en plus je me demande si... Attends.

...

Putain oui.

...

Ces cons ont mis une fève.

Ces connards se sont dit qu’il fallait mettre une fève. Ben ouais, allons-y, c’est la tradition, tout ça. Tu vois, ils se sont dit, le pauvre mec va bouffer sa galette tout seul, alors on va au moins lui donner la satisfaction d’avoir la fève. Il a une chance sur une. A tous les coups il gagne. Ils se sont pas dit que le mec devrait choisir une reine... Hein. Alors faire choisir une reine à un mec tout seul, y’a pas comme un paradoxe là ?

Bande de cons. »

Ma mère m’a pas dit d’éviter les vulgarités. C’est que, quelque part, elle était d’accord.

Et en silence, on a eu une petite pensée pour tous les rois solitaires qui se morfondent dans leur appartement vide.

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