jeudi 20 décembre 2007

Pixhell

Je lui écrase ma pompe sur la joue, plus par curiosité que par envie de lui faire mal. Puis je lui demande à nouveau le code mais je pense qu'il ne m'entend plus. Il a dû gueuler jusqu'à s'en rendre sourd. Depuis quelques minutes, ses cris de panique se sont transformés en hurlements de douleur.

Quelques coups de pieds dans les côtes plus tard, je lui redemande une dernière fois de me donner la combinaison du coffre. Sa seule réponse est une gerbe de sang sur mes santiags. Un peu déçu par sa réaction, j'enjambe son corps pour observer la boîte métallique encastrée dans le mur. Je me perds quelques instants dans mes pensées en fixant du regard la molette au centre de la petite porte. Un cercle entouré de chiffres, gradués de cinq en cinq. Une seule petite roue pour des dizaines de milliers de possibilités... Soudain, un grognement me rappelle à la réalité. L'homme derrière moi, ou plutôt ce qu'il en reste, a rampé jusqu'à un coin de la pièce où il s'est recroquevillé en position foetale. Je n'ai aucune haine envers ce type, aucune. Je crois juste que tout m'est devenu indifférent.

Je m'assois sur une chaise à côté de lui et m'allume une clope le temps de réfléchir. J'étais persuadé que l'intimidation suffirait. Elle n'a pas suffi. La violence non plus. Même si ça n'est pas évident, je crois que j'ai perdu l'ascendant.

Je sors mon beretta de la poche intérieure de ma veste en cuir, qui garde une forme étrange, comme si le flingue y était toujours. La respiration de l'homme se fait plus bruyante. Je lui souris. Il doit prendre ça pour un geste cynique et méprisant. Si seulement il savait à quel point je suis simplement fatigué de tout cela. Je me penche pour poser délicatement le flingue par terre, et du bout du pied, je l'envoie vers lui. Le choc du pistolet contre le mur le fait sursauter. Il me regarde d'un air interloqué, comme pour me demander la permission de le ramasser. Comme pour s'assurer que je ne prépare rien de louche. Je continue à lui sourire et j'acquiesce d'un mouvement de tête. Sa respiration se calme. Il tend la main pour se saisir du flingue et l'essuie avec sa manche. Il le regarde comme s'il n'en avait jamais vu auparavant. Dans ses yeux, je retrouve soudain l'expression que je vois dans mon miroir chaque matin depuis des mois. De la lassitude. Avec soin, il retire le cran d'arrêt. Je m'apprête à faire un pas décidé dans sa direction, comme je me suis toujours juré de le faire au moment de mourir... si possible. Il lève lentement le pistolet et le pointe sur moi. Je ne trouve pas la force de faire le pas en avant. Mais il ne tire pas.

Il jette le flingue à mes pieds et, en regardant le coffre, me lance : "12-47-28".

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